
Un déploiement logistique sans précédent
L’engagement des états-Unis dans la Première Guerre mondiale à partir d’avril 1917 annonce le déploiement sans précédent de sa force opérationnelle sur le territoire français. Placée sous le commandement du général Pershing, l’American Expeditionary Force (A.E.F.), composée de quelques 200 000 hommes en 1917, représentera à l’heure de l’armistice un contingent de près de 2 millions de combattants.
Le service de santé de l’US Army
L’A.E.F. s’appuie au départ sur les hôpitaux français existants puis développe progressivement une chaîne de soins depuis le champ de bataille jusqu’aux zones de débarquement. Reliées par des ambulances et des trains sanitaires, plusieurs centaines de structures hospitalières sont construites à travers le pays allant du simple hôpital de campagne à de vastes centres en mesure d’accueillir jusqu’à 25 000 blessés et malades. Ces hôpitaux, regroupés au sein d’Hospital Centers, constituent de véritables villes autonomes avec leur route, leur service d’eau et d’électricité, leur réseau d’assainissement, voire, pour certains, leur propre desserte ferroviaire.Un site témoin de l’implantation de l’armée américaine
Les vestiges du camp américain de la Gagnerie du Tertre, étudiés sur plus de 3 hectares, illustrent ces aménagements. Le site s’organise en deux secteurs distincts. Un premier secteur clos de palissades, repéré sur 1,6 ha, et un second secteur dans l’angle nord-ouest de l’emprise où une vingtaine de fosses dépotoirs ont été creusées.L’unité mise au jour respecte un plan orthogonal de 150 mètres de large délimité par des palissades périphériques et fossés drainants assurant l’assainissement du site. L’espace interne, lui-même divisé par des clôtures, est occupé par une vingtaine de baraquements (logements, hangars, réfectoire, locaux techniques...) construits sur solins de mâchefer de 100 à 200 m² et par un réseau de canalisations d’eau potable.

Les fosses dépotoirs localisées dans l’enceinte du camp sont essentiellement implantées dans la moitié occidentale. Elles témoignent d’une certaine homogénéité tant dans leur creusement que leur comblement majoritairement composé de déchets de construction. Les fosses localisées à l’extérieur du camp ont quant à elles livré la majorité du mobilier archéologique. Il s’agit d’objets en lien avec la construction, ou relevant de la vie quotidienne. Les contextes militaire et hospitalier de l’occupation sont également rappelés avec la présence d’effets militaires ou produits de santé mais également de nombreux objets témoignant de la présence de prisonniers de guerre allemands et austro-hongrois.
Un enrichissement des connaissances
Les perspectives de recherche offertes par la fouille archéologique sont nombreuses et s’inscrivent en complément de la recherche historique et des travaux de valorisation menés par le secteur associatif. Un dernier enjeu soulevé par cette opération est celui de la place à accorder à ’ ce temps américain ’ dans la construction de nos mémoires collectives que le projet en éducation artistique et culturelle mené avec l’atelier ’ Histoire et Mémoire ’ du lycée Saint-François d’Assise a pu aborder.











