
La région Auvergne-Rhône-Alpes a financé plusieurs projets afin de lutter contre les pullulations de campagnols, dont l’un avait pour objectif d’identifier les signaux chimiques naturellement émis par ces rongeurs. En effet, les rongeurs utilisent tout un arsenal de molécules pour communiquer entre eux, en particulier pour favoriser la reproduction. Des chercheurs de l’Inra ont ainsi eu l’idée d’identifier ces molécules et leurs effets sur les animaux pour in fine modifier la communication chimique entre les mâles et les femelles afin d’empêcher les campagnols de se reproduire.
La nature de ces signaux chimiques était jusqu’à présent inconnue, mais des chercheurs de l’Inra ont réussi à les identifier. Pour cela, ils ont analysé les composés volatils contenus dans l’urine et les glandes abdominales. Le profil des composés volatils contenus dans l’urine est spécifique de cette espèce, significativement différent en juillet par rapport aux autres périodes de l’année, mais sans différence entre les sexes. Les glandes abdominales produisent une sécrétion huileuse qui est différente entre mâles et femelles en octobre. La composition protéique urinaire varie par contre beaucoup entre les sexes, puisque seuls les mâles produisent de grandes quantités d’une protéine qui a été nommée « arvicolin ».
Des tests comportementaux sont en cours de réalisation pour déterminer le rôle de ces signaux chimiques dans la reproduction du campagnol, afin de mettre en place des stratégies de perturbation des signaux comme moyens de lutte contre les pullulations, plus respectueux de l’environnement que les moyens actuels.
- Patricia Nagnan-le Meillour (03 20 43 40 10) Glycobiologie Structurale et Fonctionelle
Identification of potential chemosignals in the European water vole Arvicola terrestris, Nagnan-Le Meillour et al., Scientific Reports (2019) https://doi.org/10.1038/s41598-019-54935-z